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Les sourdines historiques

Il avait été question dans cette rubrique de sourdines d’appartement lors du confinement, mais suite à un récent concert et enregistrement de deux très beaux requiems espagnols du XVIIIe siècle, avec des trompettes en sourdines, au sein de l’ensemble Los Elementos, à la chapelle royale du château de Versailles, le 28 janvier dernier, quelques mots sur les sourdines de trompettes des XVIIe et XVIIIe siècles s’avèrent nécessaires.

Marin Mersenne, dans son Harmonie Universelle de 1636 nous en dit que « l’on vse de cette Sourdine, quand on ne veut pas que la Trompette s’entende du lieu où sont les ennemis, comme il arrive aux sièges des villes, & lors que l’on veut desloger. » (Mersenne, Prop. XVII, 259)

Son contemporain Pierre Trichet, dans son Traité des Instruments de Musique rédigé vers 1640 est beaucoup plus complet et précis, non sans humour pour conclure :

« Avant de finir ce discours il est expédient et très à propos que je dise un mot de la sourdine, qui n’est autre chose qu’une pièce de bois travaillée par un tourneur, laquelle l’on insinue dans le pavillon de la trompette, afin qu’elle le bouche si justement et en telle sorte que le son en soit affoibli, estoufé et diminué. Pour pousser cette sourdine avec aisance dans le pavillon elle a un manche qui lui est adhérant, fait de mesme pièce, fort estroit néantmoings au pris du reste, mais qui s’eslargist un peu en tirant vers la pate. Il faut que cette sourdine soit percée et creusée tout à fait d’un bout à l’autre en lui rendant les bords fort minces, afin qu’elle puisse en ployant un peu s’ajuster au pavillon; car cette concavité est si nécessaire que sans elle la trompette ne résonneroit point, le vent ne pouvant trouver d’issue. De manière qu’on recognoist bien que l’office de cette sourdine n’est que pour estressir l’ouverture du pavillon et pour affoiblir et assourdir le son, lequel passant par un conduit de bois fort estroit se rend moins esclattant que s’il avoit toute sa liberté. C’est pourquoi l’on se sert de la sourdine quand l’on a peur d’estre descouvert de l’ennemi. ou bien lorsqu’on veut le surprendre, comme aussi lorsqu’on veut desloger et faire secretement la retraite, laquelle il me convient aussi faire, afin de n’ennuyer ceux qui ont eu le courage de me suivre jusques ici. » (Trichet, art.17, fol.62)

Mais surtout la plus grande utilisation de la sourdine à l’époque baroque et jusqu’à l’époque classique est pour la pompe funèbre, tel que nous l’évoque dans ses mémoires le Marquis de Sourche au sujet des funérailles du maréchal de Bouffers le 29 août 1711 :

« Les Trompettes sonnant à la sourdine, & les Timbales étant couvertes de crêpe et battant d’une manière lugubre. » (in Mémoires du Marquis de Sourches, Tome XII, page 179)

La très émouvante Missa de difuntos (messe des défunts) de José de Torres (1670-1738) écrite en 1725 pour les funérailles du jeune Louis Ier d’Espagne (1707-1724) qui n’aura régné que 150 jours sera disponible prochainement chez le label Château de Versailles Spectacles.